vendredi 25 septembre 2015

Petit guide des douanes israéliennes

Bon! J'ai tardé un peu pour faire cet article et j'espère que ma mémoire sera en forme pour se rappeler de toutes les nombreuses étapes à franchir. Car on n'entre pas en Israël comme un éléphant dans un jeu de quille... enfin, vous comprenez. Aussi, il n'y aura aucune photo car c'est interdit de photographier les installations militaires en Israël. Comme l'armée est partout, il est parfois difficile de savoir ce que l'on peut photographier ou non. On a pas pris de chance!

1. Se rendre aux douanes jordaniennes.
Le chauffeur ne peut pas entrer avec nous, nous devons donc prendre nos valises et traverser la barrière. On montre nos passeport à un douanier bien armé (à partir de maintenant, gardez en tête que tous les douaniers mentionnés dans cette histoire ont une immense mitrailleuse en bandoulière) pas très jojo (à partir de maintenant, gardez en tête que tous les douaniers mentionnés dans cette histoire ne sont pas jojo - mais ça s'empire une fois rendus en Israël). Il nous regarde bien longuement dans les yeux - c'est intimidant.

2. Douanes jordaniennes.
On commence par mettre nos bagages dans une machine à rayons X et passer le détecteur de métal (objet de la vie courante en Israël et en Palestine). De l'autre côté, on passe à un petit guichet où un douanier nous remet un papier sur lequel nous devons écrire notre nom et numéro de passeport. Puis, il vérifie notre passeport et notre visa jordanien et donne le passeport à un autre douanier par une petite fenêtre. On ne reverra pas notre passeport avant quelques heures...
L'autre douanier nous appelle un à un, nous regarde et nous dit ok. On s'en va rejoindre les autres dans la salle d'attente - sans notre passeport.

3. Attendre l'autobus
Aucune voiture non autorisée ne peut traverser le pont Allenby (aussi connu sous le nom de King Hussein Bridge, la seule frontière entre la Jordanie et la Palestine). Le pont Allenby est très particulier; il est reconnu comme une porte d'entrée sur leur territoire par à la fois Israël et la Palestine. Par contre, pour la Jordanie, il ne s'agit pas d'une frontière et on ne peut pas entrer en Jordanie par là si on ne possède pas déjà le visa jordanien.

Il s'agit de la seule voie d'accès au reste du monde pour les Palestiniens car ils ne sont pas autorisés à se rendre en Israël et donc, ils ne peuvent se rendre au seul aéroport israélien, l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. Pour leur part, ils n'ont pas besoin de visa jordanien car ils sont, pour l'instant, considérés comme des citoyens jordaniens par la communauté internationale. Ils ne possèdent pas de passeport, mais un document de voyage qui indique qu'ils sont résidents d'Israël et citoyens jordaniens. Vous pensez que c'est compliqué? Ça c'est rien! Attendez que je vous parle des différents statuts pour les Palestiens sur leur propre territoire... Mais revenons à notre histoire.

Nous attendons donc l'autobus, qui dans notre cas a pris presque deux heures à arriver. Impossible de savoir combien de temps cela va prendre : « the bus is coming when the bus is coming ». Pour l'attente, deux possibilités : dehors sous une chaleur torride ou à l'intérieur où une colonie de mouches mordeuses vous attaque. Seule distraction en attendant, une boutique duty-free sans intérêt, une grande murale présentant le roi de Jordanie et ses prédécesseurs et un guichet automatique qui ne donne que des dinars jordaniens (peu pratique quand on veut se rendre en Palestine). Les gardes armés qui se promènent un peu partout ne prêtent pas goût à la balade. On prend donc notre mal en patience en laissant la nervosité augmenter, car on sait que le plus difficile reste encore à venir.

4. Prendre l'autobus
L'autobus arrive et il faut payer. Un frais par personne et un frais par bagage. Puis, tranquillement, il se joint à la ligne d'attente d'autobus et de camions de transport. Il y a peu à voir, sinon des clôtures, du barbelé, des tours d'observations, du béton, des camions. Il devrait être excitant d'enfin traverser le pont pour jeter un coup d'oeil sur le Jourdain, mais celui-ci est tellement asséché par les systèmes de pompage israéliens qu'il est en fait inexistant.

On arrive enfin à la douane israélienne. Le chauffeur descend en nous indiquant de rester dans l'autobus. Puis, il sort nos bagages un à un sur le trottoir et s'en va. Plusieurs minutes s'écoulent, heureusement on peut jeter un coup d'oeil sur les valises, mais que ferait-on si quelqu'un s'emparait de l'une d'entre elles? Disons qu'au nombre de mitrailleuses dans le coin, on ne se fait pas convaincre de rester assis bien sagement dans notre autobus, quoi qu'il arrive.

Finalement, un autre gars arrive avec nos passeports, nous les distribue, on nous permet de sortir de là et de récupérer notre valise. On se sent quand même mieux avec ce précieux document entre nos mains!

5. Les douanes israéliennes
D'abord, il faut laisser notre valise sur un convoyeur qui disparait à l'intérieur, on ne sait où, vers une autre machine à rayons X (comme si nous avions eu l'occasion entre celle-ci et la précédente d'y mettre des bombes ou des armes!). Un douanier appose une étiquette sur l'endos de notre passeport. Il n'y a pas de question à poser, il faut faire vite et on suit les autres; car les instructions se font rares. Heureusement que notre accompagnatrice, Lisa, connait bien le processus et nous avait bien informé d'avance!

Ensuite, on passe à un premier guichet, je donne mon passeport. Le douanier vérifie que j'ai bien la même face et me demande le nom de mes parents. Je lui réponds rapidement en prononçant les noms bien à la québécoise. C'est clair qu'il n'a rien compris, mais il semble satisfait. Il appose une autre étiquette sur l'endos de mon passeport et m'envoie à l'intérieur.


Là, on fait la file. On passe un autre rayon X avec nos bagages à main et un autre détecteur à métal. On donne encore nos passeport à un douanier (comptez-vous les fois?). À chaque fois, ils font du zèle : ils regardent la première page, me regardent, regardent le document à nouveau, me regardent à nouveau et, l'air déçus, me rendent le passeport et me font signe de continuer. Certains d'entre nous se font fouiller un peu leur sac à main, mais personne n'avait rien à se reprocher.

Prochaine étape, c'est la plus stressante. Le « vrai » douanier. (À quoi servent les autres?) C'est celui qui peut poser les questions chiantes, celui à qui il ne faut pas dire qu'on s'en va en Palestine, ne pas prononcer aucun nom palestinien. C'est devant lui qu'il faut avoir l'air de bêtes touristes qui se sont payé un tour organisé pour visiter les lieux saints et qui ne savent rien du conflit israélo-palestiniens. Ceux qui croient, comme le laissent entendre les médias, que les Palestiniens sont les méchants terroristes et que toutes ces étapes servent bel et bien à assurer notre sécurité.

Lisa passe en premier pour expliquer que nous sommes un groupe de touristes. Pour ma part, tout va bien : on me demande le nom de mon père (encore?), on glisse un petit billet dans mon passeport et on me fait signe de procéder. Par contre, Lucie n'a pas eu cette chance. Elle est tombée sur une douanière en power trip qui lui a posé tant de questions que Lucie a bien manqué pleurer. Heureusement, elle a fini par la laisser passer.

Le fameux « petit papier » fait office de visa, comme on en reçoit dans notre passeport dans la plupart des pays où on voyage. Certains pays arabes ne laissent pas entrer les visiteurs qui possèdent un tampon israélien dans leur passeport. Israël ne tamponne donc plus les passeports pour cette raison. Par contre, il faut bien faire gaffe de ne pas perdre ce petit papier! C'est la première chose qui est vérifiée à n'importe quel check-point, lorsqu'une police vous arrête, etc. Également, impossible de sortir du pays sans celui-ci. Lisa, qui est extraordinaire, avait donc prévu la petite brocheuse pour s'assurer que tout le monde garde bien son visa jusqu'à la fin du périple.

À gauche, le visa jordanien. À droite, le papier bleu est le visa d'entrée et le rose est le visa de sortie.

Prochaine étape, et ça devient redondant : se mettre en ligne, donner son passeport à un douanier, qui le regarde bien attentivement, qui nous regarde bien attentivement, qui regarde bien attentivement notre petit papier et qui nous fait signe d'avancer.

On récupère nos valises qui trainent dans un coin sans surveillance depuis on ne sait plus quand. Normalement, la première étiquette que nous avons reçu sur notre passeport en arrivant devrait permettre à un douanier de vérifier que l'on part bel et bien avec nos possessions et non pas celles des autres, mais personne ne vérifie. C'est pas par manque de personnel, pourtant!

Il faut enfin passer entre deux comptoirs où se trouvent des douaniers. Lisa nous donne une dernière instruction : « just go out and don't look anybody in the eye ». C'est ce qu'on fait et on se retrouve finalement dehors! En Palestine (mais il faut pas le dire, encore)!

La nervosité tombe, sauf pour cette pauvre Lucie qui est encore ébranlée. Tout le monde raconte son expérience : « moi, ils m'ont demandé ça » « moi, rien du tout! » « le premier douanier m'a crié après », etc. Lisa est surprise que tout le monde soit passé sans anicroche; heureusement, elle ne nous avait pas fait part de cette crainte avant!

Une chose est certaine, l'expérience aurait été extrêmement difficile si j'avais été seule et sans aucune connaissance sur le déroulement. Mais je suis contente que tout se soit bien passé. Il parait que c'est bien pire à l'aéroport de Tel-Aviv. Je vous dit ça, juste comme ça.

Quelqu'un a compté le nombre de douaniers?

À destination : Zagreb

Pour une fille qui voulait quitter Paris, son froid et sa grisaille... tout un échec! C'est le déluge ici à Zagreb et je constate que la limite inférieure de degrés Celsius que  mes vêtements me permettent de supporter est déjà presque atteint. Quoi qu'il en soit, j'en ai tout de même profité pour faire quelque chose de très très important, et très agréable, et que je remets à plus tard depuis des jours, voire des années : la très grasse matinée.

Mais commençons du début...

Comme je l'ai déjà dit, j'ai choisi la Croatie sur un coup de tête. C'est bien la première fois de ma vie que j'achète un billet d'avion la veille du départ et que la seule chose que je connaisse du pays choisi est le nom de sa capitale. Je ne savais donc aucunement à quoi m'attendre. Et c'était exactement le genre de truc dont j'avais envie pour mon voyage : faire ce qui me plait quand ça me plait.

En Europe, on peut toujours compter sur un bon coup de main pour prendre des décisions! 


Mais, heureusement, il semble que j'aie fait un bon choix. Dès mon arrivée en Croatie, je me suis sentie bien. J'ai immédiatement trouvé qu'il y avait énormément de végétation (sûrement normal après avoir passé les dernières semaines dans le désert de la Palestine, puis le béton de Paris). Et les croates me donnent l'impression d'être tous très calmes. Ça fait du bien.

Je me sens encore très fatiguée, mais voyant les prévisions météo des jours suivants, je me suis botté les fesses pour me lever et profiter de ma première journée à Zagreb : la seule où le soleil s'est pointé le nez. Je suis donc partie pour le classique tour de la ville à pieds. C'est très joli ici. Il y a plein de parcs, l'architecture est jolie (même si c'est rempli de grafitis) et on sent bien le mélange entre l'héritage slave et austro-hongrois.






Impressionnant marché de Dolac.

Un gentil croate m'a vendu du raisin en français « cinq kunas s'il-vous-plait, jolie demoiselle ». Note pour les p'tits loups : je portais ma robe rouge!


Rappel parisien

Je me suis fait un ami.

Souvenirs typiques de Croatie.

La ville est assez petite, j'ai donc fait le tour des lieux historiques assez rapidement. Il y a beaucoup de musées à Zagreb, mais ce sont surtout des musées d'art et je ne suis pas une grande fan (je n'y connais rien alors ça m'ennuie assez vite...). J'ai donc opté pour un musée plutôt original et qui a attiré mon attention : le Musée des coeurs brisés. Il s'agit d'un lieu où plein de gens de partout sur la planète ont envoyé un objet qui représente une rupture  (pas seulement amoureuse, il y a aussi des ruptures de liens familiaux ou d'amitié), accompagné d'un texte. Certaines histoires sont drôles, d'autres assez touchantes. Le musée n'est pas très grand mais j'ai trouvé que c'était juste assez long. Jusqu'à ce que j'arrive à la dernière histoire, elle était assez longue et intéressante - l'objet exposé était un paquet de noyaux d'olives. J'étais tout absorbée à ma lecture et j'avais hâte de savoir quel était le lien entre ce paquet de noyau d'olives et l'histoire d'amour, quand une femme et son amie sont arrivées en parlant très fort et m'ont carré poussé de là pour pouvoir prendre des photos sous tous les angles du paquet d'olives. Je ne sais pas si ce sont des personnages de l'histoire, en tout cas elles s'imposaient et puisque j'avais terminé la visite, j'ai quitté sans connaître la fin de l'histoire. Mystère!



J'ai terminé la journée sur une terrasse avec un énorme verre de vin à 3$. C'est la belle vie!




Depuis deux jours, c'est le déluge. Alors j'en ai profité pour faire la vraie grasse matinée, jusqu'à 11h et 13h puis j'ai pris une petite routine, comme une vraie habituée de Zagreb. Je me rends à la pâtisserie au coin de la rue (il y en a à tous les coins de rue), j'achète un truc, je traverse la rue dans un des nombreux cafés (il y en a 4 à tous les coins de rue et au moins 10 entre chaque coin de rue, bref, ils sont partout! et toujours bondés), je commande un café (délicieux) et je me mets au travail parmi les Croatiens qui passent pour le café ou un verre, la musique à plein volume et la fumée de cigarettes. Je quitte vers 18h30 quand l'ambiance du café change carrément : les lumières s'éteignent, les néons s'allument et la musique, qui était déjà assez forte, devient assourdissante.



En plus de passer vraiment beaucoup de temps à me chercher un Couchsurfing (échec total - deux personnes ont accepté, puis ont annulé), ça m'a permis de travailler pas mal sur mes projets pour la Palestine;
- rapport de dépenses : fait! Il faut maintenant que je trouve une imprimante et un scanner pour l'envoyer;
- rapport de mission demandé par la CSQ : fait! Ce fut assez difficile car j'ai dû résumer en quelques phrases 10 jours considérablement bien remplis et des tonnes et des tonnes d'information;
- lecture de mes 175 pages de notes manuscrites : à peu près aux 2/3 fait. C'est le bordel... c'est écrit en fran-glais, avec des ratures, des mots à demi complétés, pas de barres sur les t, pas de points sur les i, des flèches et des numéros qui ramènent à d'autres paragraphes... bref. C'est quand même une vraie mine d'information et je pense que je trouverais encore plus dommage de perdre mes cahiers de notes que mon passeport!

Il me reste encore beaucoup de travail. Je dois rédiger deux textes pour le rapport de mission pour le CISO, pour le 20 octobre; un sur l'histoire de la Palestine et un autre sur les camps de réfugiés. Marc m'a demandé d'écrire un texte sur le mouvement syndical en Palestine pour le Mouton Noir, date de tombée le 11 octobre et la date de tombée pour la prochaine Riposte est le 5 octobre. Je ne crois pas réussir à tout faire! Enfin, s'il continue à pleuvoir comme ça, ça ira peut-être.

Demain, par contre, je prends congé puisque je bouge! Je vais prendre l'autobus assez tôt pour me rendre dans la ville de Pula, tout à l'ouest et sur le bord de la mer. Il annonce déjà plus beau là bas qu'à Zagreb. J'ai hâte de voir la mer!

mardi 22 septembre 2015

À destination : Paris

Il va sans dire que de passer de la Palestine à Paris crée tout un choc. Mais j'y ai passé 5 jours absolument merveilleux et ça m'a fait le plus grand bien.

Il faut dire que j'étais vraiment contente d'y retrouver Mylène, que j'ai toute la misère du monde à voir à Rimouski à cause de nos horaires chargés. Ben quoi, c'est bien plus facile de se voir à Paris! Ses amis, Hadrien et Bérangère, nous ont accueilli comme des rois et, avec l'amoureux de Mylène, Éric, nous formions une belle petite bande de joyeux lurons, ou plutôt de p'tits loups.




Cours privé d'origami. Confection d'un Boeing à lancer d'en haut de la tour Eiffel.


Nous nous sommes promenés à profusion dans la ville et nous avons bien abusé des bonnes choses. Fondue au fromage, charcuteries, bière ou vin sur les terrasses, gâteau au chocolat, lardons, baguettes, croissants... on s'est pas privés!



Je me rends compte qu'à part bouffer comme des porcs, on a pas fait grand chose. Et c'est exactement ce dont j'avais besoin! Je suis encore super fatiguée de la mission en Palestine, mais j'ai tout le temps devant moi pour me reposer.

Par contre, je trouvais qu'il faisait plutôt froid à mon goût à Paris (passer de l'ensoleillé 45 degrés de la Palestine au pluvieux 15 degrés de Paris, ce fut tout un choc thermique). Lundi, je me suis donc assise devant la carte de Google Flight et j'ai choisi un vol pour le lendemain pour la Croatie. Je suis donc présentement à Zagreb et je n'ai aucune idée de ce que je ferai demain, ni après-demain. C'est merveilleux!

Il n'est que 19h et j'ai peine à garder les yeux ouverts. Je crois donc qu'une immense nuit de sommeil s'impose! Voici, entre-temps, les meilleurs moments de cette fin de semaine tout à fait sérieuse.




jeudi 17 septembre 2015

(Décider de) quitter la Palestine

La mission de solidarité en Palestine est terminée. Ce fut tout un marathon, et c'est pourquoi je n'ai absolument pas eu le temps de publier sur le blog. Je suis épuisée, mon cerveau est complètement saturé d'informations mais surtout, d'informations assez déprimantes. Mon bilan c'est que le peuple Palestinien est dans une bien piètre situation. Et qu'il n'y a pas grand chose à faire.

Alors, justement, que vais-je faire? La question s'impose depuis notre arrivée ici et nous l'avons posé à tous les groupes et personnes que nous avons rencontré. Les réponses tournent autour des mêmes thèmes : sensibilisation, partage, éducation. Certains nous ont interpellés par rapport à notre gouvernement fédéral. D'autres ont suggéré la campagne « Boycott Désinvestissement Sanction » envers Israël. Mais tous, sans exception, nous ont demandé de transmettre leur message, leur réalité, leur situation.

C'est bien beau de parler, d'écrire, de raconter mais rien ne frappe plus que d'être ici et de vivre l'oppression, la séparation et la discrimination. Comment pourrons-nous choisir les mots qui seront assez puissants pour signifier ce qui se passe ici? Comment arriverai-je à vous faire verser les larmes que nous avons versé? À vous faire ressentir la colère et la frustration que nous, touristes privilégiés, avons ressenti? Nous pouvons très bien imaginer que les émotions que nous avons vécues en deux semaines n'ont rien à voir avec ce que les gens vivent continuellement ici, depuis plusieurs générations et face à une discrimination qui les vise directement.

Durant mon séjour, on m'a offert de rester ici et de donner un coup de main à un organisme de défense des droits palestiniens : travaux de recherche, de communications avec des organismes internationaux, rencontres sur le terrain avec les Palestiniens et mise en oeuvre d'une campagne à l'occasion du début de la récolte annuelle d'olives. L'organisme m'offrait un immense appartement gratuit à Ramallah et autant d'espace que voulu pour travailler sur mes projets personnels. L'occasion idéale de rester et de me sentir réellement utile, non?

Mais pourtant, je n'ai jamais réussi à être en paix avec cette option. L'incertitude m'a pourchassé nuit et jour pendant 4 jours jusqu'à ce que je réalise que je n'étais pas prête à rester ici. Le stage m'a rentré dedans et j'ai besoin de reprendre mon souffle. J'ai aussi réalisé que de me lancer dans cette aventure risquait de me détourner des objectifs que je m'étais donné pour mon voyage avant de partir.

Malgré la certitude que je prends la bonne décision en quittant la Palestine, je porte maintenant un énorme poids sur la conscience. S'il est vrai qu'il n'y a jamais de bonne et de mauvaise décision, dans ce cas-ci, il y a le choix facile à faire et le choix difficile. Et je suis consciente que simplement d'avoir ce choix est un privilège immense. Les Palestiniens n'ont pas le luxe de quitter leur pays lorsqu'ils ont peur, ou lorsqu'ils sont inconfortables.

J'ai donc choisi l'option facile, celle de continuer mon chemin comme prévu et de poursuivre ces objectifs tout personnels que je m'étais donné pour mon voyage. Les sentiments d'égoïsme et de lâcheté me poursuivent depuis, mais je réussirai probablement à les apprivoiser. Et pour le faire, je me suis promis de faire exactement ce que les Palestiniens nous ont donné comme mission : porter leur message et sensibiliser le monde à leur réalité.


Tout ça pour dire que vous n'avez pas fini de m'entendre sur la Palestine parce qu'en décidant de la quitter, j'ai contracté une dette énorme que je compte bien rembourser.

mardi 8 septembre 2015

À destination : Jérusalem

À destination : Jérusalem

M'y voilà enfin! La Palestine! Après 9 mois d'espoir et d'attente, j'ai de la misère à réaliser que cela se réalise enfin. Je ne veux pas que cet article soit trop long, alors je m'y mets directement.

J'ai rencontré le groupe avec qui je réalise le stage à l'aéroport et nous nous sommes embarqués pour nos 20 heures de vol. Comme nous volions sur Air France, nous avions droit au gros luxe. Comme par exemple, du vin et du porto avec notre repas. J'ai aussi pu confirmer que je suis maintenant assez vieille pour dormir dans l'avion! Seul fait à mentionner : dès que nous avons commencé à survoler Israël, plus personne n'avait le droit de circuler dans l'avion. Un garde faisait du va-et-vient pour s'assurer que nous étions bien attachés et tranquilles.

Nous sommes arrivés à Amman en Jordanie autour de 20h. Après l'achat du visa jordanien (presque 100$!), nous avons rencontré Lisa Arnold, une australienne qui connaît bien la Palestine et qui accompagne régulièrement des groupes comme le nôtre. Direction l'hôtel pour un bon souper et un court dodo et on repart le lendemain.

Après un délicieux déjeuner tout à fait à mon goût (feta, hoummous, concombre, tomates, olives, huile d'olive – les olives sont incroyables), nous nous sommes rendus au bureau régional de la région arabe de la Confédération syndicale internationale. Nous y avons rencontré Mustapha, un tunisien francophone, qui nous a parlé de la situation politique et syndicale dans la région arabe, en portant une attention particulière au cas de la Palestine. Nous avons pu nous initier avec la structure et les organisations syndicales palestiniennes, quoi que la plupart d'entre nous sentons que nous ne maitrisons pas encore tout à fait ce sujet. Mustapha semblait beaucoup préoccupé par la situation en Syrie et a souvent ramené la discussion là-dessus. Encore une fois, ma connaissance du sujet est très limitée mais on ne peut quand même pas rester insensible à ce que subissent nos frères et soeurs.

Après cette rencontre, nous avons pris la route vers la frontière entre la Jordanie et Israël (en fait, c'est la Cisjordanie, mais c'est compliqué... Je vous en reparlerai). Traverser les douanes fut un des moments forts du voyage, mais j'en ferai un article à part pour ne pas allonger celui-ci.

Nous sommes arrivés à Jérusalem beaucoup plus tard que prévu. La visite de la vieille ville était à l'horaire ce soir-là, mais finalement, nous n'avons eu le temps que d'aller souper. Nous sommes allés dans un restaurant palestinien (nous n'encourageons que palestinien : hôtels, restos, bière et vin) où j'ai mangé un délicieux plat palestinien dont le nom m'échappe. Nous avons fumé du narguilé (shisha ou argeelesh) et bu du vin palestinien en jasant avec le serveur, Noor, un palestinien super allumé qui nous a raconté plein d'histoires de check-point et qui a partagé son point de vue avec nous sur la situation de son pays. C'était vraiment intéressant.

À mon lever ce matin, j'ai remarqué qu'il y avait beaucoup de brume sur Jérusalem, on pouvait à peine voir trois immeubles plus loin. J'ai été surpise puisque nous sommes en plein désert, mais je n'ai pas poussé la réflexion plus loin. Lorsque je suis descendue déjeuner, on m'a appris que c'était en fait une tempête de sable. J'étais contente d'expérimenter cette condition climatique pour la première fois, mais malheureusement, cela voulait dire que nous n'aurions aucune visibilité pour la journée. Comme nous partions à la découverte de Jérusalem et que celle-ci est fait de collines et de quartier en surplomb, nous avons manqué beaucoup de paysages.

Qu'à cela ne tienne, la journée a été extrêmement intéressante. Nous avons pris à bord de notre super mini bus Chaska, une israélienne qui milite au sein du Israeli Comitee Against Home Demolitions (ICAHD). Elle nous a mené partout dans la ville sans jamais cesser de nous informer sur différents sujets. Comme je veux garder mes articles assez courts pour garder votre attention et que je veux appronfondir tous les sujets avant de les partager avec vous (et que pour l'instant, le rythme du stage m'empêche de le faire), je ne ferai que vous nommer rapidement ce que nous avons fait : nous avons visité des quartiers palestiniens et d'autres israéliens, nous avons visité une des plus grandes colonies de Jérusalem, nous avons vu des maisons démolies et le champ de ruine qui demeure, le mur de la honte, un quartier de Jérusalem qui se retrouve complètement enclavé par le mur et dont le quotidien de ses habitants est un véritable enfer en raison de l'absence de tout service municipal (police, voirie, eau, ramassage des ordures, électricité, etc.), un camp de réfugiés et la colonie voisine ainsi qu'un check point à l'heure de la sortie des classes. Cheska avait avec elle différentes cartes de la Palestine don elle s'est servie pour nous montrer géographiquement les stratégies de colonisation d'Israël. Nous avons tant appris que j'ai déjà rempli la moitié de mon carnet de notes et je ne peux attendre d'en savoir plus.

Nous devions dîner dans une famille qui a vu sa maison être démolie six fois (et qui l'ont reconstruite à chaque fois, sauf la dernière, notamment avec l'aide du ICAHD), mais finalement ils étaient malades et ont dû annuler. Nous avions donc la soirée pour, soit partir à la découverte de la vieille ville de Jérusalem, ou rencontrer un ami d'une collègue du groupe qui travaille pour un syndicat Palestinien. Lucie, Julie et moi avons décidé de visiter la vieille ville et nous nous sommes baladées dans celle-ci pendant plusieurs heures.

Nous n'avons pas eu la chance de voir le Dôme du Rocher (symbole doré de Jérusalem et 3e lieu saint de l'islam) puisque les heures de visite pour les non-musulmans étaient terminées. Nous avons tout de même pu voir le mur des Lamentations (après avoir passé dans un détecteur de métal comme à l'aéroport) et l'église du Saint-Sépulcre.

Le mur des Lamentations date du Temple de Jérusalem des juifs du 1er siècle. C'est l'endroit le plus saint de la religion juive pour la prière. L'esplanade est donc remplie de juifs; les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Du côté des hommes, il y a moins de monde mais beaucoup d'activité : un groupe chante et danse en rond et plusieurs juifs orthodoxes lisent la Torah à proximité du mur. Du côté des femmes, c'est bondé et plus tranquille.


Nous avons aussi trouvé notre chemin jusqu'à l'église du Saint-Sépulcre, où se trouve des trucs vraiment bizarres. Comme par exemple la pièce de bois sur laquelle Jésus était posé à l'intérieur de son tombeau, plein de morceaux de rochers à même les murs de l'église qui sont enfermés dans des boîtes de plexiglass et des petites boîtes ornées d'objets religieux dans lesquelles les gens s'infiltrent pour faire une prière sur une grande plaque de marbre. Je vais devoir faire un peu de recherche sur cette église pour comprendre ce que j'y ai vu ainsi que le comportement des fidèles qui y sont.


Après avoir acheté quelques fruits à des vendeurs de rue, nous sommes revenues à notre hôtel, la face brûlée par le sable dans l'air et, disons-le, le nez bien sec. Nous avons appris que la tempête de sable est vraiment immense, qu'elle s'étendrait jusqu'à Beyrouth (capitale du Liban) et qu'elle aurait déjà fait deux accidents de voiture et huit morts. Partout, sur les voitures, et même sur nos vêtements, il y a une couche de sable qui s'est déposée. Nous espérons que l'air se clarifie cette nuit.


Je n'aime pas du tout cet article que je trouve précipité. Il y a tant d'injustice que j'ai à crier... Je n'ai pas le temps d'appronfondir les sujets comme je le faisais en Indonésie mais je compte bien le faire après le stage. Pour l'instant, je ne veux que profiter au maximum de chaque moment passé ici!