vendredi 30 octobre 2015

Réfugiés un jour, réfugiés toujours?

Publié le 30 octobre 2015 dans La Riposte vol. 36 no 5.

Contrairement au slogan sioniste « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre », la Palestine n'était pas déserte avant la création d'Israël. Après la guerre de 1948, qui a mené à la création de l'État d'Israël, les Israéliens occupent un territoire sur lequel habitent près d'un million de Palestiniennes et Palestiniens. 750 000 d'entre eux sont contraints à l'exode. Puisqu’il s’agit du seul groupe de réfugiés au monde dont le statut se transmet aux descendants, ils sont aujourd’hui plus de 5 millions de réfugiés palestiniens qui s’entassent dans les 58 camps de réfugiés gérés par l’ONU (Organisation des Nations Unies) (1)Trois de ces camps furent visités pendant la mission de solidarité syndicale (2).

Le camp d’Aïda est situé tout près de Bethléem et accueille 6 000 personnes sur une superficie de 0,66 km². Enclavé par le mur de l’Apartheid, on n’y trouve aucune terre agricole, aucune source d’eau potable et aucun service médical. À l’entrée du camp se trouve la « clé du retour », symbole de la résolution 194 de l’ONU qui garantit le droit au retour des Palestiniennes et Palestiniens et qui demeure toujours à être respectée par Israël.


Le camp de Balata, situé près de Naplouse, accueillait initialement 5 000 personnes sur un terrain de 0,25 km². Aujourd’hui, en raison de l’accroissement démographique (les Palestiniens ont le taux de natalité le plus élevé de la planète), s’y entassent plus de 23 000 personnes, ce qui en fait le camp de réfugiés le plus densément peuplé de Palestine. Reliés par un labyrinthe d’allées d’à peine 30 cm de large, les blocs de béton de 4 mètres par 3 mètres qui servent de maison ne suffisent plus à loger tous les réfugiés et des étages supplémentaires doivent être construits, accroissant progressivement le sentiment d’emprisonnement ressenti par quiconque s’y balade. Les habitants de Balata manquent de tout, surtout d’espace, de lumière, d’air frais et d’intimité.


Le camp de Shu’fat est situé à Jérusalem, même si le mur de l’Apartheid l’entoure complètement et le sépare du reste de la ville. C’est le seul camp de réfugiés situé dans une région administrée par Israël et, ainsi, considéré sous sa juridiction. Les habitants payent donc des impôts à Israël, qui fournit les services municipaux. Or, prétextant des raisons de sécurité, Israël n’entretient plus les infrastructures. Les conditions de vie dans le camp sont donc exécrables : les services de voirie et de collecte des déchets sont quasi inexistants alors que les réseaux d’électricité, d’aqueduc et d’égouts sont désuets et insuffisants.


Tous les camps de réfugiés sont établis sur des terrains privés, loués pour 99 ans puisque la situation des réfugiés ne devait qu’être temporaire, le temps qu’une solution au conflit soit trouvée et que la loi du retour soit respectée. Toutefois, alors que l’ONU remplit sa mission de pourvoir aux besoins de base des réfugiés, les infrastructures des camps deviennent de plus en plus permanentes, consolidant du fait même leur existence. Mais quel sera le sort des 5 millions de réfugiés palestiniens lorsque les baux de location seront échus? Une question qui a intérêt à demeurer sans réponse pour la puissance occupante en place...
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1.   Nations Unies, 2015. UNRWA : Who we are. [En ligne], http://www.unrwa.org/who-we-are.
2.   Voir La Riposte, vol. 36 no 4.

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