samedi 28 novembre 2015

À destination : Essaouira

Quand on arrive à Algeciras, on sent déjà que l'Afrique n'est pas loin : terrasses de cafés et restaurants de sharwama au mobilier de plastique, les déchets qui jonchent les rues, les familles marocaines et les femmes voilées et bien sûr, notre toute première arnaque. Notre chauffeur de Blablacar, qui nous avait pourtant averti durant le trajet de faire attention de ne pas acheter notre billet de traversier n'importe où, nous amène à un comptoir. Tout va vite, le bateau part bientôt et nous succombons quelque peu à la naïveté. Croyant qu'il est de bonne foi, je le remercie et nous nous quittons. L'homme au comptoir me vend nos billets pour l'Afrique : 60 euros.

Deux billets pour l'Afrique!
Une fois arrivé au guichet d'enregistrement du port, nous réalisons que le vrai prix du billet est de 20 euros chacun. Tant pis, on prend ça comme notre introduction au Maroc, sachant que ce ne sera pas la dernière fois qu'on se fait tromper! De toute façon, la dame au guichet panique un peu : il faut immédiatement monter au deuxième étage pour attraper le bateau, ça presse! On court comme des fous, on arrive, soulagés, sur le bateau et finalement, ce n'est que 45 minutes plus tard que le bateau va appareiller. Une autre réalité marocaine avec laquelle nous devrons apprendre à composer.

Sur le bateau, nous rencontrons Florent, un musicien français qui habite à Rabat (la capitale) depuis 2 ans. Tout le long du trajet, nous discutons avec lui à propos du Maroc et toutes ses réponses à nos question sont, disons, inquiétantes : personne n'est digne de confiance, tout le monde va tenter de nous soutirer de l'argent, il ne faut pas trainer le soir, les femmes non voilées qui fument ou qui boivent sont vues comme des putes et il est trop risqué de faire du camping et encore plus du stop (le visage de Thomas se décompose alors qu'il comprend que nos plans de faire du stop sont encore à l'eau). C'est à se demander pourquoi il y habite, mais bon. On comprend toutefois que ce personnage haut en couleur ne doit pas nécessairement fréquenter le même genre d'endroit et de gens que nous...

On a peu le temps de déchanter car voilà que la silhouette du continent africain se dessine à l'horizon. On devient fous, fous!

Regarde, c'est l'Afrique!

On trippe comme des bananes...
Florent doit absolument arrêter au duty-free pour acheter un maximum de bouteilles d'alcool mais après, nous prenons un taxi pour la gare d'autobus de Tangier. En retard pour son spectacle de musique du soir, Florent nous quitte dès qu'on y arrive et Thomas et moi cherchons le bus pour Essaouira. On achète nos billets pour un bus de nuit qui part dans quelques heures. On a donc un peu de temps pour nous poser dans un parc en face de la mosquée et c'est au son de la prière du soir que nous prenons un moment pour réaliser que nous sommes bel et bien arrivés au Maroc.


Dès lors, je découvre avec grand plaisir que le Maroc est beaucoup plus calme que je ne me l'avais imaginé. Les gens sont super gentils et je ne me sens pas du tout harcelée par les hommes, contrairement à l'idée que j'avais reçu du fait d'être une touriste femme dans ce pays. Aussi, le français est beaucoup plus commun que je le croyais et je trouve particulièrement ravissant de voir les publicités en arabe et en français. Je me sens déjà bien au Maroc, et tant pis pour ce qu'a pu nous faire croire Florent. Thomas, pour qui c'est la première visite dans un pays en développement, vit un petit choc culturel qui passera très rapidement. J'en profite pour revoir à travers ses yeux la découverte de toutes ces différences, à laquelle on devient de plus en plus habitué à mesure que l'on voyage.

Après une nuit sans sommeil, malgré le relatif confort de l'autobus et une escale plutôt stressante à Marrakech, on arrive enfin à Essaouira. Si on compte depuis notre départ de Granada, c'est un long voyage de 24 heures qu'on vient de réaliser mais on est surexcités d'être arrivés! On file directement à l'auberge la moins chère d'Essaouira, qui se trouve en plein coeur du souk, dans la vieille médina. Même si on passe un peu vite, l'endroit me charme. C'est sale, ça pue, c'est plein de gens, mais mon cerveau trouve tout cela extraordinairement merveilleux. Je suis exactement là où j'avais envie d'être.

Première impression
Finalement, malgré son prix ridicule (5$ la nuit), l'auberge est idéale. On nous montre les lieux, en terminant par la terrasse : d'un des plus hauts immeubles de la médina, on voit l'ensemble de la ville sur 360 degrés. On se demande pourquoi nous avons tant de chance. La réponse est illogique, injuste : parce que nous sommes blancs, parce que nous sommes nés dans un pays riche. Un petit moment de gratitude s'impose avant la sieste, nécessaire après ce long voyage.




Nous passerons un mois dans cette auberge. La médina, son souk et ses personnages vont devenir notre chez-nous. On va s'y faire des amis, on va finir par avoir nos habitudes et nos lieux préférés. Mais tout ça, je vous en reparlerai!

Bislamah!


vendredi 27 novembre 2015

Étrangers chez soi...

Publié le 26 novembre 2015 dans La Riposte, vol. 36 no 7.

La guerre des Six Jours de 1967 s’est conclue par l’annexion par Israël de la Cisjordanie et de la partie orientale de Jérusalem. Même si l’occupation de ces territoires a toujours été considérée illégale par la communauté internationale, Israël désigne unilatéralement la « Jérusalem réunifiée » comme sa capitale. Les 66 000 Palestiniennes et Palestiniens alors présents à Jérusalem-Est se voient offrir la citoyenneté israélienne, moyennant allégeance à Israël. La plupart refusent et obtiennent plutôt un statut de résidents permanents en Israël. Il s’agit de la seule occurrence où un pays occupant accorde un statut d’étranger à la population indigène.

La vieille ville, située à Jérusalem-Est, contient la plupart des lieux saints et touristiques : le tombeau du Christ, l'esplanade des mosquées, le Dôme du Rocher, la mosquée Al-Aqsa, le Mur des Lamentations et plusieurs autres. 

La carte d’identité bleue qui témoigne de ce statut particulier est importante pour celles et ceux qui la possèdent; elle accorde à sa détentrice ou son détenteur une plus grande liberté de mouvement sur le territoire que celle dont jouissent les Palestiniennes et Palestiniens d’Israël ou de Cisjordanie. Les premiers, qui ont abandonné leur identité palestinienne, se voient interdire l’accès aux territoires occupés (trop dangereux, dit-on) alors que les seconds ne peuvent pas circuler en Israël sans l’obtention d’un permis spécial. De plus, le statut de résident leur donne accès aux systèmes de sécurité sociale et de santé d’Israël, incomparables avec ceux de la Cisjordanie.

Malgré son nom, ce statut est loin d’être permanent. Le statut de résident permanent peut être révoqué à tout moment par Israël, et les Palestiniens qui le possèdent doivent continuellement prouver que Jérusalem est au « centre de leur vie ». Pour le vérifier, des inspecteurs municipaux peuvent se présenter à l’aurore pour vérifier que le lit est occupé, que la brosse à dents est humide et que les factures d’électricité et d’eau sont bien acquittées. Partir de la ville quelques jours est donc pratiquement hors de question. Sans cette carte d’identité, on doit dire adieu à son travail, sa maison, ses amis et sa famille. Entre 1967 et 2008, plus de 14 000 Palestiniennes et Palestiniens ont perdu leur droit de résidence (1) .

Présence israélienne non équivoque dans les rues de Jérusalem-Est.

Le statut de résident permanent accordé aux Palestiniens n’est pas transmissible aux membres de la famille immédiate. Le mariage entre des Palestiniens de Jérusalem et de Cisjordanie peut être extrêmement déchirant. Alors qu’un des conjoints ne peut se permettre de s’absenter de la ville, l’autre doit demander la permission pour s’y rendre. La complexité de la démarche permettant à un conjoint d’obtenir la citoyenneté hiérosolymite s’est alourdie après la seconde Intifada et les « processus de réunification familiale » sont de plus en plus laborieux, coûteux et rarement fructueux.

La stratégie israélienne dans cette situation est de rendre la situation des Palestiniennes et Palestiniens vivant à Jérusalem insoutenable en les séparant physiquement et administrativement de leurs consoeurs et confrères de Cisjordanie. En les incitant à quitter de leur propre gré cette ville « trois fois sainte », Israël aura beau jeu d’argumenter pour faire de Jérusalem sa capitale. Mais les Palestiniennes et Palestiniens que nous avons rencontrés sont tous déterminés à ne pas quitter : « rester, c’est résister ».


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1. ALYAN, N.A., 2012. Policies of Neglect in East Jerusalem. The Association for Civil Rights in Israel.

lundi 16 novembre 2015

À destination : Espagne (ou comment ne pas traverser un pays sur le pouce)

Plusieurs mois après avoir décidé de partir ensemble vers le Maroc, Thomas et moi sommes très heureux de nous retrouver à Barcelone. C'est difficile de croire que cette aventure débute enfin! Même s'il me faudra une petite période d'adaptation à la vie à deux après mon mois en solitaire, je suis super enthousiaste à l'idée d'avoir un complice pour la route qui me mènera à la découverte du Maroc.

Thomas est déjà à Barcelone depuis quelques jours, et moi j'y suis déjà allée deux autres fois avant. Je suis ravie de constater que la ville a revêtu ses drapeaux indépendantistes catalans : les balcons des appartements en sont ornés. Pendant les deux jours que nous y passons, nous ne faisons pas vraiment de tourisme; on se promène dans les quartiers et on s'amuse à l'auberge avec les autres voyageurs que nous y rencontrons. 



Nous préparons notre déplacement vers le Maroc; si, au départ on avait prévu tout faire en autostop, on apprend par plusieurs sources que l'Espagne est le pays d'Europe où il est le plus difficile d'en faire. On décide donc de quitter la métropole catalane par les voies traditionnelles et on trouve un billet de train très bon marché pour la petite ville étudiante de Murcia.


Nous y arrivons tard le soir et partons directement à la recherche d'un lieu pour la tente. La chance est de notre côté, nous trouvons l'emplacement idéal très rapidement, dans un terrassement servant de tampon sonore entre un nouveau quartier résidentiel très laid et l'autoroute. Ainsi, croyons-nous, demain, nous serons tout près de l'endroit idéal pour faire du pouce! Même si nous ne sommes pas trop convaincus de nos chances de réussite, nous nous postons le lendemain matin sur le bord de l'autoroute avec notre belle pancarte ornée de notre objectif de la journée : GRANADA.



Les voitures passent, ne s'arrêtent pas. Certaines personnes nous font des drôles de signes avec la tête et les mains; on n'est pas trop certains de leur signification. Après à peine 15 minutes, un employé du gouvernement s'arrête et nous chasse de l'autoroute... On revient vers la ville (on a faim de toute façon), et on rencontre une fille de notre âge en vélo qui nous demande si on essaie de faire du stop. Elle nous confirme encore une fois que ça ne fonctionne généralement pas très bien en Espagne et, de plus, nous ne sommes pas à la bonne sortie d'autoroute pour se rendre à Granada! Voilà probablement ce que les simagrées des gens dans leur voiture voulaient dire!

Les calèches ne sont pas permises sur les autoroutes en Espagne.
Même pas découragés de cet échec cuisant, nous retournons en ville et réservons un départ vers Granada avec Blablacar (l'équivalent européen d'AmigoExpress). Notre conducteur nous envoie le lieu de rencontre pour le lendemain : dans une autre ville! On tente de le rejoindre par tous les moyens et avec notre espagnol plutôt incertain; pas de réponse. Ce n'est que plus tard le soir qu'il annulera carrément notre départ sans autre explication. Il est 21h et on est toujours à Murcia, sans moyen de nous rendre à Granada. On chiale un peu, mais une bière et son tapa à 1.50 euros nous remontent un peu le moral. Et tant pis, on prendra l'autobus le lendemain!


En arrivant à Granada, c'est beaucoup plus simple car on y rencontre David qui nous accueille chez lui via CouchSurfing. David est français et habite à Grenade depuis 1 mois seulement. On s'entend immédiatement très bien tous les trois et on fait connaissance autour d'un apéro digne du roi d'Espagne : fromage, charcuterie, pain, olives et bien sûr, vin! 


La glace est rapidement brisée grâce à ma déformation professionnelle préférée de prof de bio sexe: inspirée par le vidéo ci-dessous, je demande aux gars de me dessiner un vagin, et seulement qu'un vagin.


Ils sont surpris et un peu gênés, mais se prêtent au jeu. Bien sûr, comme 90% des gars, ils dessinent une vulve... s'ensuit un cours d'anatomie génitale féminine qui deviendra une blague d'initiés pour toute la semaine à venir!

Pendant les jours qui suivent, on visite la ville, 


Quartier gitan de Sacromento




on va boire et manger des tapas avec David et ses amis, on va écouter la finale de la Coupe du monde de rugby dans un pub plein à craquer, on va même au Salon du tapa gastronomique, ce qui nous apparait être une expérience espagnole par excellence!


Nous allons aussi faire une randonnée dans les montagnes qui entourent la ville, d'où nous avons une superbe vue.



Le départ, en stop toujours, est prévu pour le lundi matin. Malheureusement, la petite toux qui me talonnait depuis une semaine a décidé de se transformer en mal de gorge, de tête et fièvre durant la nuit. On décide d'attendre le lendemain pour partir. Malheureusement, c'est la pluie qui nous accueille ce matin-là et elle semble s'être installée pour quelques jours. Encore une fois, on abandonne l'idée de faire du stop et c'est encore Blablacar qui nous permettra de nous rendre jusqu'à Algeciras. Finalement, notre plan de traverser l'Espagne sur le pouce s'est avéré un échec monumental; tant pis, on s'essayera au Maroc!




jeudi 12 novembre 2015

Pouvoir syndical sous occupation

Publié le 5 novembre 2015 dans Le Mouton Noir, vol. 21 no 2.

Photo : Hamde Abu Rahma
Pour souligner ses 40 ans, le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) a organisé en septembre un stage intersyndical de solidarité avec la Palestine auquel ont participé des représentantes et des représentants des principales organisations syndicales québécoises. Afin de sensibiliser les participants à la situation des travailleuses et des travailleurs palestiniens et de renforcer les liens de solidarité entre les groupes syndicaux québécois et palestiniens, plus d’une demi-douzaine d’organisations syndicales palestiniennes ont ouvert leur porte aux délégués québécois. Voici un court portrait de la situation de travailleurs palestiniens qui vivent sous occupation israélienne.

En conséquence de l’occupation israélienne, la situation des travailleuses et des travailleurs palestiniens est généralement mauvaise. Les restrictions de mouvement (points de contrôle, mur de l’apartheid, structure administrative lourde pour obtenir les permis de déplacement, prohibition de l’exportation de produits, etc.) causent une perte de productivité considérable. Captifs du contrôle économique israélien, 25 % des Palestiniens vivent sous le seuil de la pauvreté(1) et leur taux de chômage atteint des sommets. Il va sans dire que la pression est énorme sur les syndicats palestiniens, qui doivent effectuer le travail traditionnel attendu d’une organisation syndicale dans le contexte de discrimination constante auquel leurs membres font face.
Environ 112 000 Palestiniennes et Palestiniens travaillent pour la société israélienne, soit en Israël ou dans les colonies situées dans les zones sous contrôle militaire israélien(2). Théoriquement, ces Palestiniens sont soumis à la législation du travail israélien et devraient donc profiter de conditions de travail similaires à celles des Israéliens. Or, cette législation est rarement appliquée, et les travailleuses et les travailleurs ont peu de recours en cas d’abus puisqu’ils ne possèdent pas le statut de citoyens israéliens. Le salaire minimum, environ 7 $ de l’heure en Israël, est rarement respecté, aucune protection sociale ne leur est fournie, et le travail des enfants dans les colonies est répandu, surtout dans le domaine de la construction, où les conditions sont parmi les pires.
Malgré tout, les Palestiniennes et les Palestiniens qui travaillent en Israël doivent verser des cotisations (1 % de leur salaire) au principal syndicat israélien, la Histadrut, sans bénéficier en retour des services du syndicat puisqu’ils n’en sont pas membres. Sur le territoire occupé par Israël, ils n’ont pas le droit de créer leurs propres associations de travailleurs et les activités syndicales palestiniennes y sont interdites. Ils se retrouvent donc sans aucune protection. Même si un accord a été signé en 1994 entre la Histadrut et la Fédération générale palestinienne des syndicats (PGFTU) (3) pour que la moitié des cotisations syndicales versées à la Histadrut par les travailleuses et travailleurs palestiniens soit remise au PGFTU, celle-ci demeure considérée par Israël comme une organisation illégitime et reste donc impuissante sur le territoire israélien.
Heureusement, le PGFTU profite d’une certaine marge de manœuvre en Palestine, ce qui lui permet d’offrir certains services à ces travailleuses et à ces travailleurs. Le cas du checkpoint de Qalqilya, principal point de passage de la frontière pour les quelque 4 000 Palestiniens détenteurs d’un permis de travail en Israël, en est un bon exemple. Pour s’assurer de traverser la frontière à temps, les travailleuses et les travailleurs doivent arriver vers trois heures du matin et faire la queue pendant plusieurs heures avant de passer de nombreux contrôles de sécurité : détecteur de métal, interrogations et fouilles abusives, vérification de l’identité et du permis de travail. Le niveau de stress est extrêmement élevé; n’étant aucunement protégés, ces travailleurs ne peuvent pas se permettre d’arriver en retard à leur travail. De plus, une fois de l’autre côté, ils devront trouver un moyen de transport pour se déplacer, car leurs voitures sont interdites en Israël et il ne leur est pas permis d’utiliser les transports en commun israéliens. En conséquence, il arrive que les gens s’impatientent, se bousculent; les soldats israéliens répondent par des coups de semonce. Il y a régulièrement des blessés, parfois, des morts.
Devant cette situation intolérable, le PGFTU a ouvert, il y a quelques années, un bureau du côté palestinien ducheckpoint. Grâce au transfert d’une partie des cotisations palestiniennes à la Histadrut (l’autre partie est toujours attendue), il a construit un bureau, des toilettes et un grand marché couvert où des Palestiniennes et des Palestiniens peuvent louer un kiosque et les autres, se sustenter. Partout autour du marché, de grands panneaux présentent la législation du travail israélienne que les employeurs israéliens devraient respecter. Des employés du syndicat et des bénévoles se relaient pour assurer une présence constante au bureau; ils reçoivent les plaintes des travailleurs qui se sont vu refuser le passage ou qui ont été soumis à un contrôle de sécurité irrégulier ou injustifié. De plus, en organisant l’arrivée des travailleuses et des travailleurs selon un horaire précis, ils ont réussi à diminuer le temps d’attente pour chacun et, par conséquent, le nombre d’incidents.
On comprend que le travail des organisations syndicales de Palestine n’a rien à voir avec celui des organisations québécoises. Le PGFTU est souvent critiqué pour sa proximité avec le gouvernement palestinien et pour avoir participé plus activement au mouvement de libération nationale qu’à la défense des conditions de travail de ses membres. Mais peut-on vraiment reprocher à la plus grande organisation syndicale de Palestine d’avoir la lucidité de comprendre que sans la reconnaissance du droit du peuple à disposer de lui-même, un préalable au développement économique et social de la société palestinienne, la défense des droits des travailleuses et des travailleurs ne se fera toujours qu’à coup de « mieux que rien »?
1. Palestinian Central Bureau of Statistics, Labour Force Survey, April, 2015Ramallah, Palestine.
2. Ibid.
3. Formant la plus grande association syndicale de Palestine, le PGFTU représente environ 300 000 membres sur une population active de 1,3 million de personnes.

À destination : les vieilles villes de Croatie

La Croatie semble bien loin maintenant, et j'ai beaucoup tardé avant d'écrire les derniers articles. Je dois vous avouer qu'après environ deux semaines, la Croatie a commencé à m'emmerder un peu. N'ayez crainte, je n'étais pas du tout malheureuse : j'appréciais totalement la liberté du voyage, ne pas avoir d'horaire, faire ce qui me plaisait quand il me plaisait et j'avais beaucoup de temps et de motivation pour l'écriture. Parce qu'en plus, ce pays est parfait pour celui qui désire passer des heures dans un café à écrire!

Mais, quand même, après un bout, j'avais l'impression d'avoir vu ce qu'il y avait à voir même si les villes que je visitais devenaient de plus en plus jolies. Les vieilles villes de Croatie sont superbes et il est très agréable de déambuler dans leurs rues et simplement d'apprécier la beauté des vieux bâtiments, des ruelles étroites, des chats perchés un peu partout et des vieux pavés tellements usés qu'ils en sont rendus glissants. Mais après en avoir visité quelques unes, il n'y a plus vraiment d'élément de surprise et il faut aussi dire que ces vieilles villes sont très touristiques, alors j'étais un peu lasse de manoeuvrer à travers les groupes de touristes et les boutiques de souvenirs. Je crois aussi qu'il est beaucoup plus intéressant de visiter ces endroits si l'on possède quelques connaissances (et de l'intérêt) pour l'architecture, ce qui n'est pas mon cas. De plus, la météo n'était pas extraordinaire et j'étais donc un peu tannée d'avoir froid, d'être mouillée et je commençais à regarder mes gougounes avec désespoir. C'est donc en partie pourquoi j'ai étiré mon séjour à Sarajevo, qui me plaisait vraiment beaucoup, jusqu'à l'avant-veille de mon départ de la Croatie pour l'Espagne.

Donc, dans cet article, je vous présente brièvement Split et Trogir, que j'ai visité avant ma visite de Sarajevo; et Dubrovnik, que j'ai visité durant ma dernière journée en Croatie. Pas grand chose à dire, sinon que c'était joli, photos à l'appui. Les trois villes sont placées sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Split, la deuxième ville la plus peuplée de Croatie, est construite autour d'un palais qui date de la fin du 3e siècle.





Le centre historique de Trogir est situé sur la petite île de Ciovo, elle-même reliée au reste de la ville par un petit pont. Comme elle n'a jamais subi de dommages durant les différentes guerres qu'a connu la Croatie, ses bâtiments sont toujours intacts et originaux. Ce serait la ville de style romano-gothique la mieux préservée de toute l'Europe centrale.




Dubrovnik est tout au sud de la Croatie, et donc aussi tout près de la frontière de la Bosnie-Herzégovine et du Monténégro. Malgré qu'elle soit en théorie protégée grâce à sa présence sur la liste de l'UNESCO, la vieille ville fut bombardée et encerclée par l'armée yougoslave (ou, si on veut, serbe; voir cet article) pendant la guerre d'indépendance de Croatie, faisant plus d'une centaine de victimes.  Heureusement, tout fut reconstruit et plus rien n'y parait.







Le matin du 24 octobre, soit presqu'exactement 1 mois après mon arrivée en Croatie, c'est l'heure de quitter les Balkans. C'est aussi la fin d'un mois en solitaire (même si finalement, j'ai fait tant de belles rencontres que je ne me suis jamais emmerdée), puisqu'à Barcelone m'attends Thomas. 

Un nouveau chapitre commence!