samedi 25 juillet 2015

À destination : Seminyak et Nusa Lembongan

Derniers jours de voyage pour Joëlle, qui nous quitte déjà dans 2 jours. Nous avons donc choisi d'aller visiter la région très touristique de Seminyak-Legian-Kuta, surtout en raison de sa proximité avec l'aéroport. Reconnues pour leur plage unique qui s'étend entre les trois villes, elles constituent le royaume de la fête, du surf, de la farniente et des couchers de soleil sur la plage à l'heure de l'apéro.


Nous avons donc dédié ces deux journées à nous prélasser sur la plage, en plus de faire quelque magasinage dans les boutiques de souvenir. À ce sujet, nous n'en revenons pas de la quantité de tissus et de vêtements de mauvaise qualité que l'on peut trouver dans ce pays. Certainement qu'il serait possible d'habiller toute la planète avec ce que l'on y trouve, quoi que ce serait probablement seulement pour quelques jours (j'ai acheté des shorts qui se sont déchirées après quelques heures. Le temps de les recoudre, elles se sont déchirées à nouveau à 3 autres endroits).

Séjour assez peu dépaysant que d'être dans cette ville ultra-touristique, mais nous en profitons tout de même pour nous payer un bon resto. Pour 14,50$ CAD, nous avons droit à une table d'hôte dans un grand restaurant chic, vin inclus. Puis, nous terminons la soirée dans une célèbre discothèque de Seminyak où nous rencontrons des jeunes gens de partout autour de la planète. La soirée se termine avec la fermeture du bar (4h du matin!) et le retour à l'hôtel sous la bonne surveillance de deux gentils indonésiens, Peng-Peng et Ding-Ding (des surnoms), qui refusent obstinément de nous laisser rentrer seules et qui nous suivent avec leur scooters jusqu'à l'auberge. Si vous avez déjà entendu parler des attentats de Bali (2002), ils ont eu lieu dans deux de ces discothèques branchées remplies de touristes. L'industrie touristique de l'île a beaucoup souffert après ces événements, mais aujourd'hui les touristes sont de retour.

Après le départ de Joëlle, Véro et moi quittons la merveilleuse île de Bali. Nous avons acheté un billet ouvert qui nous mènera d'abord sur l'île de Nusa Lembongan (qui fait partie de la province de Bali et où les gens pratiquent le même type d'hindouisme), puis sur l'île de Lombok, dernière étape de notre voyage. La plage de Sanur, d'où le bateau part, s'est remplie en quelques heures de familles musulmanes (qui retournent probablement à Lombok après les vacances d'Idul Fitri - la fin du Ramadan et d'importance similaire à Noël chez nous) qui soupent sur la plage. C'est pas la petite affaire! Ils ont un thermos rempli de riz et des plats remplis de mets plutôt élaborés : poulet en sauce, coucous, etc. Ils prennent des papiers cirés dont ils font un cornet, y placent du riz, puis des autres mets, et mangent le tout avec leurs mains. On les regarde, fascinées.

Le voyage en bateau est, selon les dires du guide Lonely Planet, un passage initiatique pour quiconque désire se rendre sur l'île. On comprend rapidement pourquoi : la bateau file à toute vitesse parmi les vagues. Une vérité s'impose : il n'y a pas de suspension sur un bateau! Heureusement, la mer est relativement calme; des amis à nous ont fait la même expérience mais avec une mer plus agressive... je n'aurais pas souhaité tenter l'expérience.

Dès notre arrivée sur l'île, l'ambiance nous charme. Même s'il y a beaucoup de touristes, on sent immédiatement le calme et l'authenticité de l'endroit. Pour la première fois en Indonésie, les routes ne sont pas bondées de traffic : c'est notre chance d'essayer le scooter!

Il est donc notre objectif le lendemain de nous initier à ce moyen de transport idéal pour visiter l'île. Nous demandons les prix à quelques personnes qui louent des scooters. L'un d'eux, lorsqu'il apprend que nous n'en avons jamais fait, hésite puis nous explique qu'il n'y a pas d'assurances sur l'île : si on brise, on paie. Hésitantes, nous retournons à notre auberge où nous demandons à notre hôte, Wayan, qui loue aussi des scooters, de nous montrer comment faire. « You know push bike [bicyclette]? Same-same, but different. » Cela nous fait rire. On lui demande de nous montrer comment faire, il réalise que l'on ne sait absoluement rien sur l'art de manier le scooter. Il va nous chercher deux vélos; on insiste. « No, we want motorbike. »

 Voyant notre insistance et avec beaucoup de patience, il nous explique comment faire. Je fais le premier test; je ne suis pas très à l'aise, je tremble énormément et à un point, je reste un peu prise au dépourvue en plein milieu de la route (ô merci, nous ne sommes plus à Yogyakarta!). J'essaie de me donner un peu de courage en pensant à mon père motard. Peu convaincue, je laisse Véro essayer à son tour. Rapidement, elle décolle et disparaît au bout de la rue. J'attends de la voir revenir. Soudainement, je la vois tomber sur le côté avec le scooter! Je cours la rejoindre; elle ne s'est presque pas fait mal, mais le bras de frein s'est cassé en deux durant la chute.

Same-same but different
Piteuses, on retourne à notre auberge où nous montrons à Wayan le résultat de notre incompétence. Il se confond en excuses (typique des Indonésiens), alors que nous insistons pour prendre le blâme. « OK for push bikes. », on a déjà été plus fières de nous! Et là, il nous sort les deux plus beaux vélos du monde si vous êtes une fillette de 10 ans, version taille adulte. C'est ainsi résignées à abandonner notre rêve de faire du scooter, les cheveux au vent, en Indonésie qu'on part à la découverte de l'île avec notre propre jus de muscles.

Nous avons rapidement trouvé un petit coin tranquille au bout de la route qui mène aux mangroves. Un jus de fruit frais et un mie goreng plus tard, nous étions prêtes pour le snorkeling. La famille chez qui nous étions arrêtées ont tenté de nous convaincre d'y aller en bateau; comme on se fait beaucoup solliciter quand on est touristes en Indonésie, on a refusé. Ils finissent par nous dire « ok, you can just walk over there [le large] and good snorkeling, no problem ».


On détermine que je ferai le premier snorkeling pendant que Véro surveille nos trucs sur la plage. Je pars donc les deux pieds dans la vase et les algues vers le large... je marche pendant 300 mètres sans avoir plus d'eau qu'aux chevilles. De plus, après un bout, je me rends compte que je marche de plus en plus dans les coraux, que je brise bien sûr. J'essaie de faire un bout avec mes palmes dans les pieds. Très élégant. Véro, qui m'observait de la plage, a dû en rire un bon coup! Après encore un bout, je décide d'essayer de continuer en nageant, mais il y a si peu d'eau que les coraux m'écorchent les jambes. Déterminée, mais aussi puisque de toute façon, retourner sur mes pas n'est pas une meilleure idée, je finis par me rendre là où l'eau se creuse et où se trouvent déjà quelques bateaux qui mènent les touristes au meilleur spot de snorkeling du coin.

Wow! Même si je suis un peu en colère d'avoir brisé tant de coraux sur mon passage, et que mes jambes blessées brûlent dans l'eau salée, et que je ne sais pas vraiment comment je vais pouvoir retourner à la plage, je suis éblouie par la beauté de ce que je vois. La diversité est incroyable; des coraux de toutes sortes, des échinodermes, des anémones et tant de poissons que j'ai peine à y croire. J'avais cru que jamais je ne ferais meilleur snorkeling que celui que j'ai fait aux Galàpagos. Même si c'est difficile à comparer, la diversité des coraux et des poissons est clairement supérieure ici.

Après quelques minutes d'extase, je fais le tour des bateaux ancrés et je finis par me quêter un lift de retour vers la berge, mais à près d'un demi-kilomètre de la plage où se trouve Véro, mon argent, mes vêtements et mes souliers! Je commence donc à marcher vers là, nus-pieds, en bikini et avec mon équipement de snorkeling dans les mains. Je sais que Véro doit commencer à se demander où je suis. Heureusement, je me fais rapidement proposer un lift en scooter et j'accepte avec joie. L'aventure s'est tout de même bien terminée, même si je suis encore un peu fâchée que les locaux puissent nous envoyer marcher ainsi dans la mer de corail qui est déjà si mal en point en Indonésie.

Pour le reste de l'après-midi, et comme le snorkeling en vaut vraiment le coup, nous avons loué un petit kayak double et on est retournées au large. On a beaucoup aimé et, le soir, on avait encore la tête pleine d'images de notre après-midi sous-marin.

jeudi 23 juillet 2015

À destination : Ubud

La ville d'Ubud, située en plein centre de l'île de Bali, en est le coeur culturel et artistique. Également, cela signifie qu'il s'agit d'une ville très touristique, ce que nous avons pu constater dès notre arrivée : buleh partout! Nous voilà dans une toute autre atmosphère et une toute nouvelle fourchette de prix, mais aussi un nouveau niveau de confort.

 Et c'est dès nos premières minutes après notre arrivée à Ubud que notre découverte de la culture balinaise s'est entamée. Après avoir pris possession de notre petite villa au coeur d'un joli et luxuriant jardin, nous décidons de sortir souper. Nous n'avons marché qu'environ 200m vers la rue principale où se trouvent les restos que l'on croise un temple où aura lieu, dans à peine 10 minutes, une représentation de kecak, qui n'a lieu que 2 fois par semaine. Aller souper, ou assister au spectacle? La décision fut facile...

Petite mise en contexte : voir du kecak, c'était rien de moins qu'un rêve que je caressais depuis l'âge d'environ 16 ans. Un de mes films préféré, Baraka, montre une scène de kecak qui m'a toujours donné des frissons. Jusqu'à ce que je me renseigne sur l'Indonésie en prévision de mon voyage, je n'aurais jamais cru que je pourrais assister un jour à une démonstration de cette danse-chant si particulière! Comme l'éclairage n'était pas idéal pour prendre de bonnes photos, je vous laisse plutôt la scène en question du film Baraka.



Le kecak est une danse traditionnelle balinaise où un choeur de percussions vocales composé de dizaines d'hommes, assis en cercles et habillés seulement du sarong noir et blanc, remplace le gamelan (orchestre traditionnel indonésien). Grâce à leurs rythmes et leurs chants, ils remplacent la musique pour les danseurs de legong qui chorégraphient au centre les scènes du Ramayana : la quête du prince Rama qui tente de délivrer sa bien-aimée, Sita, kidnappée par Rawana, le roi des singes. Pendant une heure, l'ensemble vocal formé par ces hommes exerce un long crescendo jusqu'à la scène finale où l'armée des singes combat Rawana et sauve la belle. Dans le vidéo ci-haut, on ne voit que le choeur chantant mais pas les danseurs.

 

Voilà qui a agréablement bien rempli notre première soirée à Ubud. Le lendemain fut assez tranquille, nous n'avions pas envie de faire grand chose et nous avons donc relaxé à la villa jusqu'en après-midi, que nous avons passé à faire du lèche-vitrine. Le soir, nous nous sommes payé la traite au spa.  Pour moins de 20$, j'ai eu droit à un massage balinais d'une heure, un bain de lait (en fait, la jeune fille m'a simplement recouvert d'un genre de yogourt trop liquide, puis elle m'a enveloppé dans un drap), un bain aux fleurs (sans fleurs) et un facial. C'était ma première expérience du genre et quand je me suis retrouvée complètement recouverte de yogourt croûté, momifiée sur la table de massage, avec la face pleine d'argile et, comble du ridicule, une tranche de concombre sur chaque oeil, je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire. Cela a fait tomber une des tranches de concombre et j'ai ri encore plus, je ne pouvais plus m'arrêter. La jeune fille ne savait pas du tout quoi faire et n'avait visiblement jamais vu une telle réaction chez ses clientes.

En plein coeur de la ville d'Ubud, se trouve la Monkey Forest dans laquelle nous retrouvons des singes (surprise!) mais aussi trois temples. Les touristes visitent principalement ce joli boisé en plein coeur de la ville pour la première raison même si les temples y sont magnifiques. En fait, on constate ce fait de façon générale à Ubud : la ville est envahie par les touristes, les boutiques chic, les cafés et restos occidentalisés, les marchés d'artisanat et parmi tout ce fatras se dissimulent plein de superbes temples qui passent complètement inaperçus. Il faut dire qu'il y a tellement de temples, d'autels, de fleurs et de beauté à Bali qu'on dirait qu'il devient facile d'être blasé et de ne plus voir ces belles choses.


Nous nous sommes donc baladé dans le parc du Monkey Forest en désapprouvant les touristes et les gardes du parc qui donnent beaucoup trop de bananes aux singes et en tentant d'éviter de se faire toucher par ceux-ci. Avoir une vétérinaire comme partenaire de voyage, c'est aussi entendre parler de parasites, puces, tiques et virus de l'herpès simien. Ça enlève l'envie de flatter ces animaux qu'on ne peut plus vraiment qualifier de sauvages. En soirée, Véro et Joëlle sont allées voir un spectacle de legong, une autre danse traditionnelle balinaise. Je suis restée au lit, car j'avais attrapé un rhume. Oui c'est bien vrai, un rhume sous les tropiques.

 Le lendemain, nous avons fait une super balade dans les rizières au nord d'Ubud. Le paysage était superbe. Nous avons aussi rencontré Gusti, un peintre et cultivateur de noix de coco qui habite au sein des rizières. Il nous a amené chez lui pour nous laisser déguster la noix de coco la plus fraiche qu'il est possible de trouver, preuve à l'appui :


Il nous a aussi mené jusqu'à la rivière qui se trouve en contre-bas de sa maison et nous avons fait une petite trempette, nues, dans un cadre féérique, à l'abri de tous les regards du monde.


Le lendemain, c'était déjà le moment de quitter Ubud pour nous diriger vers le sud, vers les villes siamoises de Kuta, Legian et Seminyak, paradis du surf, des jeunes australiens bronzés et de la fête. Ce sera la dernière étape pour Joëlle, qui nous quitte déjà dans quelques jours. Entre-temps, on compte bien profiter de la plage et des autres plaisirs qu'offre le sud touristique de Bali.




dimanche 19 juillet 2015

À destination : Bali Barat

Contrairement à la plupart des touristes, qui décident de se rendre directement à Kuta dans le sud de l'île de Bali (royaume du surf, du party et des australiens, qui paient le billet d'avion moins de 100$ US), ou à Ubud, capitale culturelle de l'île, nous avons décidé de nous arrêter dans le petit village de pêcheurs de Pemuteran, à l'extrémité ouest (barat) de Bali.

Bon choix! En débarquant du traversier qui fait le lien entre Java et Bali, on nous embarque dans le bemo le plus démoli de l'histoire. L'odomètre ne fonctionne plus, mais on peut jurer que la vitesse de croisière sur l'autoroute dépasse à peine 20 km/h. On est bien contentes donc d'en sortir après 40 minutes et de ne pas avoir à faire les 50 km qui nous séparent encore de Lovina - là où se rendent les autres touristes qui partagent notre bemo.



Dès lors, on tombe sous le charme de Pemeturan. : une seule rue principale, un ciel sans nuage, les autels et les temples balinais et une pluie de fleur tropicales sur notre passage. On se rend à notre auberge pour apprendre qu'il est plein; pas de problème, on nous amène en scooter à l'auberge d'un ami qui vient d'ouvrir. Pour le même prix, on a donc droit à une chambre de luxe dans une auberge si belle qu'on ne peut s'empêcher de rire comme des enfants au parc d'attractions. Je sais que j'ai dit qu'il y avait la plus belle salle de bain que j'aie vue de ma vie dans notre chambre à Yogya, mais elle vient d'être surpassée par celle-ci. Maintenant, la barre est haute! À l'hôtel, il y a également une piscine avec un système de chauffage de l'eau non seulement ingénieux et écologique, mais aussi très feng shui!



On tombe également tout de suite sous le charme des Balinois. Tout sourire, ils font tout pour nous satisfaire. Cela fait changement des Javanais avec qui on a eu affaire durant notre tour organisé! Le jeune homme qui nous accueille s'appelle Kadek ("deuxième", voir iciet est presque trop gentil; il passe plus de 5 minutes à nous dire à quel point il est content qu'on soit là, de nous rencontrer, qu'il espère qu'on va aimer Bali. Il nous donne une accolade et des becs sur les joues, puis fait mine de s'en aller avec moults selamat sore, terima kasih!, puis reviens pour reprendre à nouveau son baratin. Et le tout se termine avec d'autres becs, cette fois on remarque qu'il nous respire sans aucune discrétion lorsqu'il approche sa bouche de nos joues. On rit sans ménagement, il semble croire qu'on a apprécié.



Nous nous sommes ensuite rendues à la plage, la première depuis le début de notre voyage. Le sable, volcanique, est assez foncé, plutôt noir par endroit, blond fondé à d'autres. Des morceaux de coraux aux formes et aux couleurs variées peuplent la plage. L'eau est douce et les vagues sont amusantes; on y passerait la journée. Malheureusement, comme il est déjà un peu tard, le soleil se déplace déjà vers l'horizon alors on se dirige vers le bar de la plage pour prendre un drink aux bananes ou aux ananas pour célébrer notre arrivée dans l'île paradisiaque.



Si nous avons choisi de nous arrêter à Pemuteran, c'est qu'il s'agit d'un village reconnu pour ses sites de plongée sous-marine, notamment l'île protégée de Menjangan au large et l'ingénieux site BioRock près de la plage. Comme Véro et Joëlle ont toutes les deux leur certification, elles souhaitaient donc profiter de notre passage en Indonésie pour en faire. Le lendemain de notre arrivée, elles ont donc visité BioRock, qui est un récif corallien artificiel, dont la croissance est stimulée par du courant électrique sous-marin circulant à travers des structures de métal. Et comme les Balinais ont le sens de l'esthétique bien développé, ces structures recouvertes de coraux prennent donc diverses formes, résultant en un jardin sous-marin où on se promène (on nage, plutôt) entre les sculptures ornées de coraux, d'étoiles de mer et d'anémones et autour desquelles nagent des dizaines de poissons aux couleurs éclatantes. Pour ma part, j'avais prévu faire du snorkelling pour voir cette merveille mais la grasse matinée a décidé de kidnapper ma matinée. Après les courtes nuit de la semaine qui vient de passer, je ne m'en plains pas. J'ai plutôt profité de ce petit moment de solitude pour faire la patate près de la piscine et m'offrir une délicieuse soupe thailandaise au poisson au warung du coin.

Samedi matin, nous avons fait appel à un chauffeur privé pour nous rendre jusqu'à Ubud. La difficulté ne résidait pas dans ce simple objectif, mais plutôt dans celui de visiter les régions montagneuses de Munduk et de Bedugul qui se trouvent entre Pemeturan et Ubud. Comme aucun transport ne s'y rend, il était plus facile de faire appel à l'ami du propriétaire de notre auberge, Nyoman ("troisième") et son confortable VUS pour nous mener là où bon nous semblait. Cela nous a permis de visiter la chute de Munduk,



arrêter à Tanbligan pour voir le panorama sur ses deux lacs,



le temple Pura Ulun Danu Betaran de Bedugul



et de nous promener dans l'immense et majestueux jardin botanique de Bedugul.


Nous y avons visité la serre de cactus, le jardin des fougères (on avait l'impression d'être dans une scène du Parc Jurassique), le jardin des bambous, le jardin des plantes médicinales et le jardin d'eau.

Notre guide pour la journée était très sympatique. Non seulement avons-nous chanté à tue-tête du Mariah Carey...



il nous a également appris de nouveaux mots en indonésiens, dont certains plutôt grivois...

- Do you know what is duck in indonesian?
- Yes, bebek!, répond-on, fières.
- Well, be careful because pepek means.... pussy!

Un peu plus tard, je lui dis qu'on aime beaucoup les salak (un petit fruit à la peau de serpent, formé de gousses et qui goûte à la fois la pomme et le litchee). Il se fait alors un plaisir de nous dire que celak (prononcer tché-lak) veut dire pénis! Et il se fera un plaisir de répéter aussi souvent que possible "I would like to eat pepek and celak please" durant le reste du trajet.

Nous voilà donc arrivées dans la ville ultra-touristique d'Ubud, armées de deux nouveaux mots indonésiens. Leur utilité demeure à prouver...

samedi 18 juillet 2015

L'unique Bali

Nous voilà à Bali! Et, oui, c'est aussi extraordinaire que vous l'imaginez! La végétation est luxuriante; les arbres  laissent tomber sur notre passage de nombreuses fleurs tropicales toutes aussi exotiques les unes sur les autres; les rues sont de véritables haies d'honneur de bâtons de bambous tressés, sculptés et ornés de fleurs; il y a un autel hindouiste à chaque maison et au moins trois temples dans chaque village; les autels, les sculptures et les arbres sont entourés d'un sarong jaune, ou encore à carreaux blancs et noirs; les autels sont également protégés du soleil par d'hauts parasols jaunes à franges; et on trouve des offrandes (canang - petits paniers de roseau tressé remplis de riz, d'encens, de pâtisseries, de fleurs et de nourriture) absolument partout : sur les temples, sur les murets de ciment, sur les entrées de maison et même sur le trottoir (attention de ne pas pas les écraser!).


Offrande déposée au pas de notre villa, louée pour seulement 300 000 roupies (30$ CAD) par nuit.

Si l'Indonésie est l'un des pays les plus diversifiés au monde, Bali constitue l'exception ultime parmi les exceptions. Alors que toute l'Indonésie est musulmane, Bali est hindouiste et, encore, les Balinais pratiquent un type d'hindouisme unique au monde : mélange de croyances indigènes animistes, de bouddhisme et de shivaïsme appelé Agama Hindu Dharma. L'empire hindo-bouddhiste des Majahapit, qui régnait aux XIVe et XVe siècles sur l'est de l'île de Java et sur plusieurs autres territoires environnants, fut éventuellement affaibli par les musulmans. Plusieurs hommes politiques, nobles et intellectuels majahapites se réfugièrent donc à Bali, dont la population était de religion animiste. Le mélange de la culture majahapite et de la religion hindouiste, avec les croyances animistes et la culture déjà très développée chez les Balinais a donné l'hindouisme particulier pratiqué ici ainsi qu'une vie culturelle et artistique d'une richesse inégalée en Asie du sud-est.

Pour les Balinais, tout est question d'équilibre. Les montagnes représentent la demeure des dieux (la pureté, le bien); la mer, celle des démons (l'impureté, le mal). Ces derniers ne peuvent pas être combattus. Il faut les honorer autant que les dieux, car l'important c'est l'équilibre entre les forces du bien et du mal. Les offrandes placées sur les autels, en hauteur, sont destinées à honorer les dieux. Les offrandes posées au sol sont pour les démons. Le tissu carreauté noir et blanc représente d'ailleurs cette union entre le bien et le mal; non seulement les balinais entourent-ils leurs autels et leurs arbres de ce tissu, mais le portent également autour de la taille. On le voit partout.


Chaque village possède au minimum trois temples. Le temple qui est situé à l'extrémité du village la plus près de la montagne (pura puseh) honore les ancêtres, dont l'âme est retournée au-dessus des montagnes après la mort. Le temple à l'autre extrémité du village, celle pointant vers la mer, le pura dalem, est le temple des morts, consacré aux forces du monde inférieur. Il sert principalement pour les crémations et le cimetière est situé à proximité. Puis, au centre du village, on retrouve le pura desa, le temple du village et de la communauté. On y pratique les rites de fertilité ainsi que les assemblées de village. Ensuite, on ajoute des temples pour à peu près tout : un temple par banjar (hameau), par subak (l'ensemble des propriétaires des terres irriguées par un seul système d'irrigation), par dadia ou panti (sous-clan), des temples pour les marchés, des temples pour les pêcheurs, des temples pour les fleurs, des temples pour ci, pour ça... Bref, il y aurait plus de 5500 temples à Bali! Sans compter que chaque famille possède son propre autel, souvent placé en bordure de la route pour le plaisir des buleh! En conséquence, les rituels et les cérémonies se succèdent constamment.


jeudi 16 juillet 2015

À destination : Java Timor

La région de Java Timor (Java est) est celle que les touristes visitent pour ses volcans. Comme nous, la plupart font affaire avec des tour operators et choisissent la formule tout-inclus pour visiter les sites extraordinaires du parc national Bromo et du Kawa Ijen. Pour la modique somme de 80$ CAD, nous avions donc les prochains 3 jours d'organisés pour nous. À l'aventure!

Celle-ci a débuté par le nécessaire 12 heures de bus qui sépare la ville de Yogyakarta de la région du Parc national de Bromo-Tengger-Semeru. C'est assises à l'arrière d'un autobus bondé, avec un air climatisé qui ne fonctionnait pas vraiment et collées les unes sur les autres que nous avons traversé presque le tiers de l'île de Java. On a passé le temps en faisant un mot croisé collectif, en mangeant des pinottes en écales, en essayant de dormir (impossible!), en utilisant nos batteries de iTrucs pour jouer à nos petits jeux niaiseux, et les filles se sont moquées de moi qui faisait du "air drum" en écoutant de la musique.

Après une dernière heure de bus sur une route typique de montagne, très inclinée et sinueuse, nous sommes finalement arrivées à notre hôtel (très sommaire) alors qu'il faisait bien nuit. Nous avions bien hâte de voir la vue car elle semblait superbe; nous pouvions distinguer les silhouettes des montagnes tout autour de nous. Après avoir constaté que nous n'avions pas l'eau courante dans notre chambre (alors que nous devions avoir la douche chaude dans nos hébergements...), nous nous sommes mises au lit car nous devions nous lever à 3:30 le lendemain.

Pourquoi 3:30? Pour nous parquer dans des jeeps, un peu comme du bétail, sans sourire et sans plus de manières, pour continuer l'ascension de la montagne Penanjakan (2770m d'altitude), où se trouve le point de vue sur la caldera du Parc. Là, on se trouve un petit coin parmi la foule, composée à parts égales d'étrangers et d'indonésiens (ces derniers sont complètement frigorifiés - j'en ai vu avec des manteaux à capuche à poil comme on porte dans le Bas-St-Laurent en plein hiver, le foulard, la tuque et les gants sont de mise, même si certains sont accoutrés ainsi avec des gougounes aux pieds) et on attends le lever du soleil. On se dit qu'on ne verra absoluement rien derrière ces centaines de personnes qui sont toutes là pour prendre le même cliché que nous. Mais, surprise, le soleil se lève à l'est (comme chez nous! c'est drôle non? ha ha) et la vue sur la caldera se trouve au sud. Donc, dès les premières lueurs de l'aurore, tout le monde se précipite à gauche pour prendre des photos du plus ordinaire des lever de soleil; alors, toutes les places au premier plan se libèrent pour voir le paysage majestueux de la caldera et des quatre sommets du Parc national . On assiste donc, pendant près d'une heure, au dévoilement de ce paysage majestueux.













Après, nous retournons à la jeep et nous traversons la mer de sable de la caldera jusqu'au pied du volcan Bromo (digne du fameux Paris-Dakar nous a promis l'agent du tour operator - ce ne sera pas la dernière fois qu'il nous ment celui-là!). L'ascension jusqu'au sommet, seulement 2km dont le tiers se fait par un escalier, n'est théoriquement pas difficile. Par contre, on trouve très pénible de respirer car on peut également faire l'ascension en cheval et ceux-ci, assez nombreux, lèvent sur leur passage la poussière venant du sol entièrement fait de sable volcanique (et de crottes de cheval). C'est avec la gorge et les yeux irrités qu'on arrive en haut et que l'on réalise que cela valait le coup; devant nous, un cratère qui crache sa fumée aux odeurs de souffre dans un vombrissement très impressionnant. À 360 degrés, la vue sur les autres sommets du Parc National. Évidemment, c'est le genre de paysage qui génère une impression qui ne peut jamais être transmise sur une photo.




Retour à l'hôtel pour le déjeuner et nous voilà repartis vers la prochaine étape du voyage, la région du Kawa Ijen (cratère vert). Ce volcan contient un lac d'acide sulfureux (le plus acide au monde apparemment) et il contient également une mine de souffre. Après un autre 4 heures de bus, on nous débarque à un hôtel où nous avons les chambres "économiques" - traduire par "malpropres". Cela ne nous empêche pas de dormir nos 5 heures restantes avant un autre lever à 4 heures du matin (notre 3e lever avant le soleil en 4 jours). On nous mène alors au pied du Ijen où une jolie randonnée d'une heure nous mène au sommet. Sur la route, nous avons différents points de vue sur le volcan Raung, ce fameux volcan qui est entré en éruption quelques jours avant notre arrivée en Indonésie. Avec le lever du soleil qui donne au paysage des teintes de couleur entre le rose et le bleu, nous n'arrêtons pas de nous arrêter pour contempler la vue et notre randonnée prend beaucoup plus de temps que prévu. Le soleil est donc déjà bien levé lorsque nous arrivons au sommet et nous croisons les autres membres du groupe qui entament la descente de la montagne (tous les autres membres du groupe avaient choisi d'acheter une expédition de nuit pour descendre à la mine et voir la lave bleue du volcan - apparemment cela ne valait absolument pas le coût et nous sommes bien contentes d'avoir dormi quelques heures de plus). Nous avons donc fait quelques clichés en haut de la montagne mais n'avons pas eu le temps de descendre près de la mine pour voir le souffre de près. Nous ne sommes pas décues; notre randonnée et la vue sur le volcan Raung qui crache sa fumée furent tout à fait satisfaisantes.




Retour en bas au pied de course (c'est plus facile pour les genoux) sous les exclamations des asiatiques qui - c'est notre théorie - sont beaucoup moins habitués que nous à glisser (merci hivers québécois) et qui descendent la montagne à un rythme de chenille. On nous embarque encore, toujours aussi poliment, dans les bus pour une autre heure de route jusqu'à la ville tout à l'est de Java, là où se trouve le départ du traversier vers l'île de Bali.

Sur le traversier, on est ravies de constater qu'on peut occuper l'heure que dure le voyage à faire du karaoké en indonésien - une blague que nous avons fait dès le début du voyage ("ce serait si drôle de faire du karaoké en indonésien"). On n'y passe pas une heure, bien sûr.


On va plutôt sur le pont profiter du soleil, de l'air chaud, de la couleur turquoise de l'eau, de la vue sur l'île de Bali qui se rapproche peu à peu et on se rappelle tout ce que le mot Bali nous évoque depuis toujours : loin, exotique, paradisiaque... On a peine à croire que nous y serons dans quelques minutes.



Bahasa indonesia

La langue officielle de l'Indonésie est le bahasa indonesia (littéralement, langue indonésienne). Il s'agit d'une variante de la bahasa malaysia. L'indonésien a été introduit par les hollandais durant la colonisation et a servi d'élément unificateur entre les nombreux peuples qui forment l'ensemble de l'archipel. Rappellons que plus de 17 000 îles forment l'Indonésie, et on y retrouve une des plus grandes diversité intra-nationale de langues, de religions, de coutumes, etc. L'introduction d'une langue commune a permis de mousser le sentiment nationaliste ce qui a mené à l'indépendance de ce pays assez jeune (l'indépendance a été déclarée le 17 août 1945, reconnue par les hollandais en 1949). Si à peu près tous les indonésiens parlent le bahasa indonesia, c'est la langue maternelle de seulement 20% de la population; des centaines d'autres langues étant toujours parlées un peu partout à travers le pays.

Pour les voyageuses francophones que nous sommes, le bahasa indonesia est une langue assez facile à apprendre. Seule difficulté, on ne peut pas reconnaître ou déduire la signification d'un mot par sa racine : rien à voir. Toutefois, l'alphabet utilisé est le même qu'en français, il n'y a pas du tout d'accents, la prononciation est assez facile aussi et il n'y a pas de grammaire. Les mots formant une idée sont simplement ajoutés les uns après les autres; il n'y a pas de conjuguaison de verbes non plus. Pour faire une phrase au passé, on ajoute un mot clé (genre "passé") dans la phrase. Cela se remarque chez les indonésiens qui parlent anglais car ils parlent toujours au présent; ce qui peut parfois mener à des problèmes de communication!

En débarquant en terre indonésienne, nous connaissions que deux mots : salam (bonjour) et terima kasih (merci) – même si ce dernier nous donne parfois encore du fil à retordre... Combien de fois avons-nous dit avec notre plus grand sourire “Terima SAKI!” C'est la rigolade à coup sûr, autant de la part de notre interlocuteur qu'entre nous trois.

À partir de là, nous nous sommes débrouillées. On rencontre toujours des gens qui parlent anglais, à différents niveaux, mais d'autres ne le connaissent absolument pas. Certains sont surpris : dès qu'on leur dit un Terima kasih ou un jalan jalan (“on ne fait que marcher” - réponse nécessaire pour tenter de décourager les conducteurs de becak qui nous abordent continuellement), ils nous demandent si on parle l'indonésiens. “Ya! Terima kasih, tidak pedas, satu, duah, tiga, empat...” (Oui! Merci, pas piquant, un, deux, trois, quatre...) ça les fait toujours rire.


Une collègue bourlingueuse du cégep, Carole, a donné à des amis, qui nous ont donné à leur tour, un petit dictionnaire indonésien-anglais. Celui-ci nous est bien utile (merci Carole!) et surtout à l'heure des repas. Nous sommes rendues assez bonnes pour déchiffrer les menus. D'abord, il faut connaître les quatre mots de base : ayam (poulet), mie (nouilles), nasi (riz) et goreng (frit). Juste avec ça, vous comprenez déjà la moitié du menu. Ensuite, on a appris bebek (canard), pecel (sauce aux arachides), cai ou sayur (légumes), sop (soupe), bakso (soupe aux boulettes de viande), lele (poisson), pisang (banane), nanas (ananas), apokat (avocat), apel (pomme), buah (fruit) et mata (yeux). Oui, oui, on a déjà eu la possibilité de choisir la soupe de yeux de boeuf (non, on ne l'a pas fait). Et le truc du parfait voyageur : il ne faut jamais oublier d'ajouter Tidak pedas après avoir donné sa commande!

En plus du petit dictionnaire indonésien-anglais, nous avons aussi le lexique du Lonely Planet ainsi qu'un guide G'palémo (produit par le Routard). Il s'agit d'un petit carnet avec tous les pictogrammes nécessaires pour se faire comprendre en voyage; si on a de la difficulté à communiquer, on peut simplement pointer ce que l'on essaie de dire. Cela nous permet de prendre contact avec les indonésiens; par exemple, ce vendeur de fruit dans la rue. Pendant qu'il nous coupait des fruits en morceaux, je lui pointais le fruit en question dans le g'palémo et il nous disait le nom indonésien. À la fin, il tenait absolument à continuer le jeu.


Comme on passe beaucoup de temps dans les transports, on en profite aussi pour tenter de traduire les affiches dans la rue pour améliorer notre vocabulaire. Ça passe le temps, et ça nous permet aussi de faire de belles rencontres. Comme cette jolie petite fille à qui on a donné une figurine de dromadaire dans le bus. Y'a pas vraiment de contexte, la photo est juste trop jolie pour ne pas vous la montrer!



Salamat jeppa!
Au revoir!

lundi 13 juillet 2015

À destination : Yogyakarta

Après un long trajet de train (on va vite apprendre que tous les trajets sont longs sur Java), nous arrivons dans la ville de Semarang. Nous allons directement à l'hôtel que nous avions réservé et nous faisons un gros dodo.


C'est pour le déjeuner du lendemain que nous tentons notre chance dans le premier warung d'une longue série. Le warung est le petit resto-roulotte familial typique d'Indonésie où l'on mange, sur une vieille table bancale, sur le trottoir ou dans un coin d'une gare, la nourriture la plus typique qui soit. Véro et Joëlle ont de la difficulté à se résoudre à manger des nouilles frites pour déjeuner alors elles tentent leur chance avec le sop buah, littéralement soupe de fruits. Un mélange de sirop, jelée, fruits coupés en boule et glace. C'est bon, mais assez sucré. Pour ma part, je me régale de mon tout premier mie goreng, ou nouilles frites.



En route vers Yogyakarta!

Le trajet d'autobus en Indonésie est en soi toute une expérience culturelle. D'abord, tant qu'il y a des gens qui peuvent entrer dans le bus, on les fait entrer. Également, il arrive très régulièrement que, lorsque nous sommes ralentis dans le traffic ou si on fait un arrêt de quelques minutes dans un village, des vendeurs de toutes sortes de nourriture ou de boissons entrent dans l'autobus. Ils nous demandent tous deux à trois fois si on veut acheter quelque chose, et souvent les 6 ou 7 hommes qui entrent vendent tous la même chose!

Il y a aussi des musiciens qui entrent dans les bus pour nous "pousser quelques tounes" avant de descendre un peu plus loin, probablement pour recommencer le processus dans un autre bus qui revient au point de départ. La plupart jouent du yukulélé en chantant, mais nos préférés sont les groupes composés d'un guitariste, d'un yukuléléiste et d'un percussionniste qui joue sur des jdembés confectionnés avec des longs tubes de PVC avec une peau de caoutchouc. Ce qui est surprenant, c'est que à peu près tout le monde donnent un peu d'argent lorsque les musiciens passent le chapeau après leur performance. Nous étions contentes d'arriver à Yogya, car nous n'avions plus du tout de "petit change"!



Nous arrivons donc à Yogya après un autre long trajet et nous prenons un taxi pour nous rendre à notre auberge. Le nom du chauffeur est toujours inscrit dans le taxi, et on tente toujours de prononcer leur nom. Celui-ci s'appelle Suwesi, alors je l'appelle Suwesi Boulet (voir l'article sur Jakarta pour comprendre la blague). À notre grande surprise, il rit puis il dit : "no, you Boulet!". Intriguées, on lui demande la signification et il nous répond que buleh veut dire "white people" ou "stranger". L'équivalent du gringo pour les latinos! On en revient pas et on est pas loin d'être mortes de rire.

Notre auberge est tout simplement magnifique. Nous avons une chambre privée avec la plus belle salle de bain que j'ai vu de ma vie. L'auberge au complet est dans un jardin privé et il y a même une piscine. On est au paradis!



Le lendemain, nous nous levons assez tard et partons à la découverte de la ville. Notre objectif est d'aller visiter le Kraton, le palais du sultan et son palais d'eau adjacent. Notre hôte nous avertit : ne croyez pas les gens dans la rue qui tenteront de vous faire croire que le Kraton est fermé! Rendez vous directement à pied! On part donc à la découverte de la ville qui, comme toute ville indonésienne qui se respecte est étouffée de traffic, mais qui a tout de même un certain charme.


On se fait beaucoup aborder dans la rue, d'abord par les conducteurs de becak qui veulent à tout prix nous éviter de marcher (pourtant, pourquoi voudrait-on s'en empêcher?) mais aussi par de sympathiques petits monsieurs qui nous demandent où on va. “Oh, Kraton, close today because Ramadan. Open at 1 o'clock”. Ils nous proposent tous de nous rendre, en attendant l'ouverture du palais, au Arts and Craft Festival, qui, quelle chance, ne dure que 3 jours! Après trois personnes qui nous disent la même chose, on y croit dur comme fer. Surtout après le dernier, qui nous jure être un joueur de gamelan (orchestre traditionnel indonésien) qui fait une prestation à 2h au Kraton. Il nous propose de venir le voir dans son habit traditionnel et prendre des photos. Il nous propose de nous trouver un becak pour pas cher afin de nous rendre au Festival d'arts.Comme par hasard, son ami est juste l'autre côté de la rue...

En arrivant là-bas, on se rend compte qu'on s'est fait avoir par le plus classique des attrapes-touristes de Yogya! Nous ne sommes pas du tout à un festival d'arts, mais plutôt dans un atelier de batik, une technique traditionnelle de teinture des tissus. On nous accueille en français (!) et on nous raconte que nous sommes bien au festival, mais c'est drôle, nous sommes aussi à une école où on apprend à faire le batik. Heureusement, la démonstration que l'on nous fait de la méthode est très intéressante. Puis, on nous donne une liste de prix et on nous invite à regarder les tissus à vendre. On est franchement décues de s'être faites avoir, mais on a quand même trouvé très intéressant de voir comment ce tissu typique d'Indonésie est produit. 

Le tissu est teint une couleur à la fois; entre chaque étape, les parties que l'on veut préserver de la couleur suivante sont recouvertes de cire. Après chaque bain de teinture, il faut donc aussi tremper le tissu dans de l'eau chaude pour enlever la cire de l'étape précédente. Bref, c'est très long et méticuleux; de vraies oeuvres d'art!


Aujourd'hui, ce fut une journée extraordinaire! Nous nous sommes levées à 4h du matin (juste à temps pour entendre un des 5 appels quotidiens pour la prière) et sommes parties en direction du temps de Borobudur. Il s'agit du plus grand temple bouddhiste au monde! 


Le temple à 10 terrasses représente 6 niveaux; les 6 terrasses du bas sont de forme carrées, les 4 du haut, de forme circulaire. Vu d'en haut, le temple ressemble à un mandala. En fait, le temple n'a jamais servi pour prier ou méditer, mais plutôt comme un mandala à marcher : on débute à la terrasse inférieure (qui représente la souffrance terrestre et le désir), et on se déplace dans le sens des aiguilles d'une montre jusqu'à la terrasse supérieure, celle qui représente la perfection et le nirvana. Partout au niveau des terrasses inférieures, on retrouve des statues du bouddha (dont plusieurs n'ont plus de tête après que les Hollandais – qui ont colonisé le pays – les aies ramenées à la maison comme souvenir) et d'innombrables dessins sculptés. Chaque dessin représente une histoire...


Sur les terrasses supérieures, plus aucune représentation humaine, car on est près du nirvana, on est loin du monde matériel. On retrouve les stupah, les cloches typiques de ce superbe temple, à l'intérieur de chacune se trouve une statue. Avec les rayons du soleil qui percent entre ces imposants monuments, l'atmosphère était propice à un petit recueillement.  




Après la visite de Borobudur, nous avons visité le temple de Prambanan, qui figure lui aussi sur la liste du Patrimoine de l'UNESCO. Il s'agit d'un temple construit à la gloire d'un prince hindou et de son épouse bouddhiste. L'architecture du temple contient donc des éléments des deux religions, ce qui en fait sa particularité. Malheureusement, un tremblement de terre survenu en 2006 à Jakarta a complètement détruit le site. Même si la reconstruction a débuté moins d'une semaine après la catastrophe, et que les temples principaux sont déjà restaurés, le site n'est pratiquement qu'un grand champ de pierres. On peut distinguer la base des nombreux temples (plus de 400 au total), ce qui laisse à peine deviner l'ampleur que devait prendre le site avant le tremblement de terre.





Demain matin, nous quittons déjà Yogya et nous partons à la conquête des volcans de l'est de Java : Bromo et Kawah Ijen. Nous risquons de ne pas avoir accès aux internets pour quelques jours, alors je crois que les prochaines nouvelles en direct des pays viendront de Bali!

Salamat malang!
Bonne nuit!